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Si certaines données peuvent paraître obsolètes à ce jour, considérons-les comme historiques.

13 mars 2021

Pourquoi parle-t-on français ? Pourquoi le patois est-il picard ?

Les documents d'archives montrent que ce coin de la vallée de la Lys était de langue français jusqu'au 14e siècle.
Mais en 1383, l'opulente ville d'Ypres est assiégée, les faubourgs qui abritent un nombre considérable d'artisans textiles sont détruits. Foyer de sédition et de révolte, ils ne peuvent être reconstruits, car telle est la volonté du comte de Flandre. Les artisans émigrent par milliers et sont tout naturellement attirés par d'autres centres textiles comme Comines et Warneton. Leur nombre est tel qu'ils parviennent à submerger la population locale. Ils accèdent bien vite aux leviers de commande et leur langue, le flamand, s'impose bientôt. La minorité francophone cependant ne cesse d'exister et de s'accroître progressivement, au point de redevenir majorité à Comines au 17e siècle, à Warneton au 18e siècle.

Mais, au milieu du 19e siècle, le Nord de la France s'industrialise, tandis que la Flandre connaît une crise économique et la misère. Un inévitable appel de main d'œuvre naît. Sans vouloir quitter leur pays, des milliers de travailleurs abandonnent leurs villages de Flandre pour venir se fixer dans les localités frontalières, à portée des usines françaises. En quelques dizaines d'années, la population de Comines double et lors du recensement de 1910, les habitants de langue flamande sont plus nombreux que les francophones.

Survient la guerre 1914 et ses ravages. La région n'est plus que ruines en 1918. Seuls reviennent les Cominois et les Warnetonnois de souche francophones, car il fallait aimer son terroir pour y être viscéralement attaché pour affronter le néant et l'épopée de la reconstruction. Et depuis lors, la région est revenue à ses origines francophones.

Voilà comment l'histoire économique d'une région a failli, à deux reprises, changer la langue des habitants. Deux vagues d'immigration, à cinq siècles de distance, ont eu des conséquences identiques. Sans les guerres du 16e siècle et celle de 1914, la région n'aurait jamais pu conserver la langue de ses origines, ce savoureux picard "Chtimi" si original.






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